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2 août 2009

"INAUGURATION DU MONUMENT DE SIDI-BRAHIM A ORAN "

« INAUGURATION DU MONUMENT DE SIDI-BRAHIM A ORAN. »

 

 

 

Je tiens à remercier vivement ici, dans ce blog du 8e B.C.P., Jean-Claude LEBON, un camarade du 16e B.C.P pour m’avoir fait parvenir une copie de l’ouvrage du Commandant CAFFIER, ex-capitaine-Major du 8e Bataillon de Chasseurs à pied, ayant pour titre « Au Marabout de Sidi-Brahim et à Calais ». Œuvre sortie pour l’inauguration du monument  du Souvenir Français et dédié à la gloire du Capitaine Dutertre, héros de Sidi-Brahim.

 

Editeur : Jules Tallandier 1904.

 

De cet ouvrage, j’ouvre au chapitre suivant :

 

Le 18 décembre 1898 eut lieu, à Oran, sous la présidence de M. Laferrière, gouverneur général de l’Algérie, l’inauguration du monument élevé par souscription publiques à la mémoire des héros de Sidi-Brahim (Ce monument est situé sur la place d’Armes au cercle militaire ; il est composé d’un piédestal de forme cubique, et d’un tronc de pyramide supportant une gloire aux ailes éployées, portant en ses mains une palmes et une couronne de lauriers. Assise au pied de la pyramide, l’Histoire, un drapeau dans la main gauche, écrit en lettres d’or sur la pierre les mots célèbres : « Camarades ! Défendez-vous jusqu’à la mort. » - Les figures allégoriques sont dues au ciseau du sculpteur Dalou ; l’architecture  proprementdite a pour auteur H. Formigé ; H. Gress a construit l’infrastructure et la maçonnerie ; et c’est M. Guillaume qui a placé la grille monumentale.- La hauteur de l’œuvre entière est de 16 mètres. La pyramide est en pierre de taille de Cassis et le socle en pierre des carrières avoisinant Bel-Abbès.). < Le petit Fanal >

 

A deux heures précises commence la vraie fête, celle qui réunit des milliers de personnes. La foule déborde d’enthousiasme, quand le cortège gubernatorial arrive.

 

Le voile qui recouvrait le monument est enlevé.

 

La délégation du 2e Hussards, commandant de Carné, est à droite. La délégation du 8e Bataillon de Chasseurs, Capitaine Caffier, est à gauche, au pied même du monument. Les deux délégations encadrent le clairon Rolland, ayant à sa gauche le sergent Rigoulau et à sa droite le sergent Pègues.

 

Avant de donner la parole au Commandant Mirauchaux, président du comité d’initiative, le gouverneur général descend de la tribune, salue les délégations et serre la main aux survivants, particulièrement au clairon Rolland, puis il remonte au fauteuil présidentiel.

 

La foule crie : Vive l’Armée ! Vive le Gouverneur ! Avec un ensemble saisissant.img299

 

Décidément la fête commence bien !

 

M. le commandant Mirauchaux, M. Gobert, maire d’Oran, M. de Rochefort, au nom du comité d’organisation des fêtes, prennent successivement la parole pour retracer les événements de Sidi-Brahim et célébrer dans un langage très élevé, très patriotique, les vertus militaires de nos camarades ; mais le fait le plus saillant de cette cérémonie fut certainement le discours de M. le Général de Ganay, commandant la Division d’Oran, qui parla au nom de l’Armée. Sa péroraison, dite d’une voix forte et mâle, impressionna vivement et fut justement applaudie.

 

« Soldats, mes chers soldats, s’écria–t-il, soldats de tous âges et de tous grades, soldats d’hier, soldats d’aujourd’hui et soldats de demain, imitez vos devanciers de Sidi-Brahim, sachez, quand il le faudra, mourir silencieusement comme eus pour le pays ! Votre part sera belle encore, car la France si souvent victorieuse, sait honorer même ses infortunés vaincus ! » Enfin le gouverneur Général se lève et prononce le discourt de clôture. Il développe cette pensée : « C’est déjà pratiquer la vertu que de savoir l’honorer dignement », et il termine par un vibrant appel à l’union de tous pour l’avenir de l’Algérie.

 

L’inauguration officielle du monument est terminée ; les troupes se massent pour défiler sous le commandement du général Mauduit, pendant que la musique du 1er Régiment étranger exécute, avec sa maëstria habituelle, le pas redoublé de Sidi-Brahim.

 

Après l’l’Armée, les sociétés civiles, bannières en tête, passent aussi devant le monument, et ce n’est pas la partie la moins pittoresque de cette fête patriotique.

 

A sept heures du soir, à l’Hôtel de la Préfecture, diner offert par le Préfet et Mme De Malherbe au Gouverneur Général. Le chef de la délégation du 8e y assiste.

 

Enfin, à dix heures, un punch offert par la municipalité à tous les invités et à tous les officiers de la garnison eut lieu à l’hôtel de la Mairie. La salle des fêtes est splendide, et la lumière, qui verse à flots ses rayons sur les uniformes militaires et civils, donne à cette réunion un caractère grandiose.

 

M. le maire d’Oran remercie encore le Gouverneur Général et tous ses invités, puis M. Laferrière fait ses adieux et se retire.

 

Au dehors, la foule continue de circuler joyeuse.

 

Le lendemain, 19 décembre 1898, le programme comporte : une fête arabe au village nègre ; un punch offert aux sous officiers par la Municipalité, au café de France, et une représentation théâtrale au cirque des Nouveautés ; à neuf heures du soir : Apothéose des Héros de Sidi-Brahim !

 

La fête arabe fut originale. Je fus surtout intéressé par les assauts de savate et de matraque ; et par les danses des foulards et des épées. On sentait que les indigènes étaient dans leur élément et tenaient à briller. Aussi la lutte fut-elle parfois vive et poussé jusqu’au sang.

 

A près les danses plus ou moins lascives eut lieu la fantasia arabe ; mais l’arène m’a paru trop restreinte pour que les cavaliers, si audacieux qu’ils soient, pussent donner toute leur mesure. Il était facile quand même de constater leur vigueur, leur entrain et leur habileté équestre.

 

Mettez, d’ailleurs, un arabe quelconque sur un cheval, sur un mulet ou même sur un âne, et vous le verrez se métamorphoser immédiatement en guerrier. Il lui faut le cheval pour faire parler la poudre et se montrer sous son vrai jour.

 

Au punch des sous-officiers, à 4 h.et demi, je dus y aller, moi aussi, de mon toast et je dis : « Messieurs, je ne comptais pas prendre la parole dans cette réunion. J’avais seulement prié MM. Les membres du Comité d’organisation de vouloir bien ajouter un dernier toast à tous ceux qui ont été prononcés pendant ces deux journées inoubliable ;  mais M. le Président du Comité croit qu’aucun autre n’est mieux qualifié que le chef de la délégation du 8e Bataillon de Chasseurs pour rendre un pieux hommage  aux deux sœurs du Commandant Froment-Coste  et au peintre militaire, M. Alphonse Chigot, de Valenciennes.

 

Je ne puis donc me dérober à ce devoir et je viens vous prier, Messieurs, de bien vouloir bien associer aux fêtes de Sidi-Brahim Mesdemoiselles Froment-Coste, qui sont aujourd’hui de véritables octogénaires, habitant la Rochelle.

 

Elles seront certainement heureuses et fières d’apprendre tout ce qui a été fait ici, sur la terre d’Afrique, et particulièrement à Oran, pour glorifier leur frère.

 

Messieurs, à la santé de Mesdemoiselles Froment-Coste !

 

Je désire aussi, avant la fin de cette réunion, rendre un public hommage à M. Alphonse Chigot, dont le fils, administrateur dans cette colonie, est ici le représentant autorisé. M. Alphonse Chigot, ancien chasseur d’Orléans, qui avait combattu à Isly, les 14 aoûts 1844, à côté du 8 e Bataillon de chasseur, avait été impressionné par les événements de Sidi-Brahim, qu’il avait résolu de travailler, afin de pouvoir quelque jour les fixer sur la toile.

 

Son vœu s’est réalisé, Messieurs, et l’ancien fourrier du 6e Bataillon est devenu un artiste, un peintre de grand cœur  et de grand talent, dont nous admirons aujourd’hui les œuvres, dans notre salle d’honneur : Le combat de Sidi-Brahim, l’héroïsme du capitaine Dutertre et l’Evocation.

 

Je vous demande donc, Messieurs, de lever une dernière fois mon verre en l’honneur de M. Alphonse Chigot, le peintre de Sidi-Brahim !

 

Je remercie enfin la municipalité d’Oran de son accueil si cordial. Cette fête honore, sans doute, nos aînés, mais nous trace aussi nos devoirs : nous saurons les remplir. »

 

Alors, tous les sous-officiers mettent sabre au clair et font aux survivants une voûte d’honneur, sous laquelle nous défilons tous pour rentrer chez nous, en attendant la représentation théâtrale.

 

A 8 heures 45, j’étais de retour à l’hôtel continental pour prendre le clairon Rolland, les deux sergents Pègues et Rigoulau, et les conduire au cirque des nouveautés. On les appelait « Les survivants » mais de survivant réel, ayant pris une part effective à la défense des carrés ou du marabout de Sidi-Brahim, du 23 au 26 septembre 1845, il n’y avait que Rolland.

 

A notre entré la salle était déjà comble.

 

Rolland fut l’objet d’une innovation chaleureuse quand il parut à côté de moi, dans la loge réservé aux délégations officielles.

 

La soirée débuta par l’Ouverture de Charles VI, magnifiquement exécutée par la musique du 2e Zouaves.

 

L’orchestre à cordes du 1er étranger exécuta aussitôt après une fantaisie sur les Dragons de Villars, qui provoqua des applaudissements unanimes.

 

Le rideau se leva ensuite pour la représentation du drame héroïque de « Sidi-Brahim » par M. Briet.

 

Le monologue du Lieutenant-colonel de Montagnac, au moment même où il sent la vie lui échapper, est de toute beauté ; et le portrait du caporal Lavayssière y est tracé de main de maître.

 

Toute la pièce, qui reflète le plus pur patriotisme, a un relief extraordinaire et mérite d’ailleurs d’être conservée.

 

Le chant de Sidi-Brahim exécuté ensuite par les deux musiques du 1er étranger et du 2e zouaves fut écouté debout par tous les assistants.

 

Enfin une ode héroïque : l’Histoire aux Morts, fut dite avec émotion par Mme Bernard, du Théâtre municipal d’Oran, puis l’apothéose des héros de Sidi-Brahim eut lieu aux son de la Marseillaise et des cris enthousiastes, frénétiques, de : « Vive l’armée, Vivent les chasseurs ! Vivent les hussards !

 

Le tableau représentait la Gloire couvrant le Drapeau tricolore des combattants de Sidi-Brahim, étendus sans mouvement au pied du marabout !

 

Cette dernière partie du programme fut absolument réussie, et tout le monde se retira impressionné !

 

(Des médailles commémoratives, grand modèle, en argent, furent frappées à l’occasion de l’inauguration du monument, et M. de Rochefort, président des fêtes, voulut bien m’en remettre une pour le 8e bataillon de Chasseurs à pied ; elle est aujourd’hui déposé à la salle d’honneur.)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Commentaires
D
Merci pour cette transcription de l'inauguration. Pour complément d'information, après l'Indépendance, ce monument a été transformé en "monument de l'Émir-Abd-el-Kader". La figure de la France (et non de l'Histoire, comme le dit le texte) a été retirée et transférée à Périssac où elle a été remontée dans un monument moderne, et les quatre faces de la base de l'obélisque ont été plaquées de portraits en bas-relief de l'émir. Le sens historique du monument a donc été retourné comme un gant...
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